chorégraphie, scénographie et costumes : christian rizzo
danse : christine bombal, philippe chosson, pep garrigues, kerem gelebek, wouter krokaert, i-fang lin, tamar shelef
lumières : caty olive
musique originale : didier ambact, bruno chevillon, gerome nox
chant : mark tompkins

chansons interprétées par mark tompkins :
"I know it’s over" et "the boy with the thorn in his side" de Morrissey
"Something more" de Mark Lewis Tompkins
"Mystery of love" de Marianne Faithfull
et textes extraits de "Asphodel, that greeny flower" de William Carlos Williams
et de "Présages d’innocence / Mummer love" de Patti Smith.

assistante à la mise en scène : sophie laly
régie générale : jean-michel hugo
régie son : juliette wion
régie lumières : arnaud lavisse
réalisation des sphères : jérome dupraz et luc moreau (prototoutyp)
construction des éléments scéniques : les ateliers de l’Opéra de Lille

production : l’association fragile
coproductions : l’Opéra de Lille, le Théâtre de la Ville de Paris, deSingel à Anvers,ARCADI (action régionale pour la création artistique et la diffusion en île de France) et l'Opéra de Dijon.

coproductions dans le cadre de leur accueil studio : le Centre Chorégraphique National de Franche Comté à Belfort, le CNDC / Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, le Centre Chorégraphique National du Havre / Haute-Normandie.

Ce spectacle est soutenu par le ministère de la culture et de la communication dans le cadre du dispositif DICRÉAM, par la SACD dans le cadre de son fond musique de scène et par Ars numérica. avec l’aide de la chaufferie / compagnie DCA philippe decouflé...
remerciements : Patti Smith, Thomas Delamarre et Marie Lannurien

Sur scène, sept silhouettes. A peine apparues, elles se positionnent. Points jetés sur le tissu de l’espace. Quelques pas sur un sol blanc bordé de noir et une même station, debout, de dos, tête dissimulée par une cagoule, genoux fléchis en rythme, bougeant à l’unisson d’une transe partagée. A côté des corps, fleurit une autre énigme, plus grande, parfaitement ronde, une asphodèle. Etrange présence renouvelée par cinq sphères à l’éclat obscur où se heurtent lumières et sons. Quel est le secret de ces astres noirs, d’où vient leur scintillement, ou mène leur marche ?

Dans mon amour, Christian Rizzo met en scène des fontaines de brume où l’on rêve, des espaces peuplés de solitude, des duos qui nous parlent de sentiments, de gestes oubliés, de liens et de ruptures, de l’histoire des corps qui s’aiment et chutent.
Si le regard s’attarde, c’est pour suivre les lents déplacements des interprètes, arpenteurs du temps qui portent des plantes, peuplent des mondes, en disposant forêts, jardins, nuages. Chaque danseur marque l’espace, l’habite, le structure. Traversées multiples qui le transforme, le font vivre, résonner. A l’inverse de certains corps couchés ou portés, d’autres gestes semblent naître des vibrations acoustiques ou électroniques et des nappes brumeuses diffusées sur scène.
Poèmes rock, textes choisis, lus, chantés ou récités par le chorégraphe Mark Tompkins gravitent dans la pâleur du gris environnant.
Devant cette pièce atypique, proche d’un opéra pop, on peut venir se recueillir. christian rizzo laisse chacun devant le mystère de l’interprétation, dialoguer avec ses propres fantômes.
A l’origine de cette création, une question simple et légèrement décalée : peut-on encore aujourd’hui parler d’amour et créer des danses romantiques ? Doucement provocante, la formulation fait écho à une forme d’actualité : la surexposition des corps. christian rizzo propose à l’inverse une réflexion sur l’alliance et la disparition. Comme s’il n’y avait plus de limites entre le corps et le monde, le jeu est d’interroger les frontières entre soi et les autres, de moduler l’ambiguité, de travailler sur les oscillations entre l’être et le paraître, le visible et l’invisible jusqu’à la création d’un climat flottant, sensation unique où les corps semblent se dissoudre, comme absorbés dans l’atmosphère.
irène filiberti


christian rizzo, mon amour : et si Gus Van Sant était chorégraphe…
Les premières images du spectacle de christian rizzo marquent l’esprit tant elles sont stimulantes, denses et solides.
(…)La chorégraphie oscille entre le mouvement pur, la danse contact et la danse. Les interprètes se portent beaucoup et se déportent souvent. Sans vraiment d’attache. Pour le repère le vert des plantes, éléments qui composent une nature en pot mais bien vivante, efficacement luxuriante, et qu’ils déplacent sans cesse. (…)
May I touch you ?
Et comme second repère l’Autre, le plus important, qu’on essaie d’embrasser mais qui s’échappe, qu’on porte, qu’on supporte ou qu’on emporte, mais jamais de force. Ces contacts semblent exprimer la fragilité de celui qui est porté, et la force obligée de celui qui porte.
En fond sonore, s’ajoutent aux mélodies trip-hop rock les paroles de poèmes de William Carlos Williams et des chansons de Morissey, Marianne Faithfull ou Patti Smith interprétées par Mark Tompkins. Et celles-ci parlent de l’amour, de l’errance, du pardon, de la renaissance, de l’enfance, de l’autre, de la fuite, de la porte ouverte. Les mots créent une nappe englobante où on n’entend plus vraiment par moment mais qui berce et caresse. (…)
« May I touch yoooouuu » comme un chant d ‘amour désespéré mais qui se risque à l’expression. En écho à ces possibles rencontres, on voit sur scène des pas de deux ou des expéditions solitaires, des gestes simples et des éclats frénétiques. Sans forcément de grâce rigide, sans aucun académisme, mais dans l’harmonie, dans la complicité des corps. On verra petit à petit le visage des danseurs et des morceaux de peau. Et plus tard une invasion de boules noires et Tompkins seul dans ce désert absurde et enfumé, écho d’une douce apocalypse. Et ça évoque Gus Van Sant, une innocence déchue, une délicatesse qui devient parfois abrupte, et la sensualité du jean, le rock et les plantes…si vertes…
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