interprétation : julie guibert
installation lumières : caty olive
création musicale : gerome nox
régie générale : jean-michel hugo
production : l’association fragile
coproduction : le Festival Montpellier Danse, le Centre National de la Danse de Pantin (création en résidence) avec le soutien de La Passerelle, scène nationale de St Brieuc
Dans b.c, janvier 1545, fontainebleau., Christian Rizzo réunit à nouveau ses fidèles complices, Caty Olive pour l’environnement lumière et Gerome Nox pour les paysages sonores, autour d’un projet singulier.
Le chorégraphe retrouve son geste de modéliste pour créer un univers particulier, taillé, configuré sur mesure pour Julie Guibert,interprète rencontrée au Ballet de l’Opéra National de Lyon lorsque Christian Rizzo y a créé ni fleurs, ni ford mustang en 2004.
La danseuse possède une expérience rare.
Passée du Ballet du Nord au Ballet Cullberg où elle a travaillé plusieurs années, et plus récemment la compagnie Russell Maliphant ou Yves-Noël Genod, elle a traversé l’univers de différents chorégraphes tels que Maguy Marin,Trisha Brown, William Forsythe, Mats Ek ou Philippe Decouflé.
Fasciné par son «incroyable intelligence du plateau», inspiré par sa personnalité même, Christian Rizzo a souhaité poursuivre la rencontre à travers ce solo où il s’interroge : «quel regard porter sur une femme seule en scène, exclue du reste de la communauté ?».
Et d’imaginer une danse projetée dans l’espace, nocturne et découpée par la lumière pour «creuser la notion de lenteur, travailler sur la dimension calligraphique de l’écriture».
En filigrane apparaît un questionnement dévoilé par des images énigmatiques sur les liens entre mémoire et vision, sur la dimension rituelle de la représentation, et aussi sur ce que signifie écrire pour autrui.
Irène Filiberti
Au pays des merveilles de Rizzo
« La première image est d’une beauté plastique telle qu’on pourrait s’en contenter. Une boîte blanche, des peluches noires qui dégoulinent du plafond, des myriades de petites bougies. Dans son écrin, une Madame en noir, façon Barbarella, découpe l’espace à grands mouvements nets et puissants sous l’œil d’un serviteur à tête de lapin. Répétitive et lente, la chorégraphie haute couture semble taillée à même la peau de Julie Guibert.
Tombé net du geste sur les talons aiguilles, limpidité des lignes jusque dans les roulades soudain suspendues. Aucun flou dans les mains fermes, la danseuse remporte son pari de perfection. Entre performance et installation plastique, cette pièce exacerbe le style Rizzo, sa capacité à transformer l’espace en zone précieuse dont la blancheur amnésique sublime les corps, les objets, les sons et les lumières. »
Rosita Boisseau, Télérama 5 décembre 2007
Le cabinet de curiosité de Christian Rizzo
« (…) Le cabinet de curiosité, son histoire baroque, est toujours présent à l’esprit du chorégraphe et en particulier pour cette nouvelle pièce. (…) Somptueux écrin blanc, accueillant le lustre noir d’objets abstraits suspendus, recyclage de matériaux des précédentes pièces et nouvelles recherches de matières.
Cet écrin précieux, vibrant sous les lumières de Caty Olive, les climats sonores de Gerome Nox décline un mystérieux rituel. Une étrange fête des vanités menée par Christian Rizzo, figure surréaliste ouvrant la cérémonie.
Un solo lentement exécuté par la danseuse classique Julie Guibert, silhouette gantée de noir, campée sur talons aiguilles, dont les gestes stylisés, les pas lents, les poses courbées, étirées ou pliées semblent faire contrepoids aux objets suspendus et se cristalliser dans l’espace.
Seule humanité sanglée dans la blancheur du vide, elle se consacre pleinement à son étrange office (…).»
propos recueillis par Irène Filiberti pour « La Lettre de Kinem 9 » (sept - déc 07) du Centre national de la danse
Perfection à saturation
Christian Rizzo à Montpellier Danse
« (…) Christian Rizzo est ici l'officiant d'une simple célébration, toute dévolue à l'évolution détachée de Julie Guibert.
Soit un précis de perfection du geste dansé, exacerbée jusqu'aux limites d'une extravagance fantasmatique.
Relève-t-elle de l'excellence de la verticalité néo-classique, qu'elle est ici rehaussée sur de vertigineux talons aiguilles, aiguisant le sens de sa cambrure accentuée sur la crête extrême du déséquilibre retenu. La danseuse orchestre une expérience de la durée, procède à un distillé tonique, en découpant au scalpel les incisions de ses gestes dans l'espace, en renversant patiemment jusqu'au sol le déroulé infini de ses méthodiques transferts de masses.
Rien d'évanescent.
Mais nulle fioriture ou surcharge.
Toujours une juste netteté des plans, des angles, des directions, une constance de la charge, déployant tous les paradoxes imaginables du potentiel des intentions directionnelles dans l'espace.
(…) Sans qu'on ne sache trop comment fonder théoriquement ces notions, on s'éprouve ici confronté à l'évidence d'une réussite absolue de la représentation ; à une sensation de perfection dans la maîtrise d'une forme. Jusqu'à suffocation. Jusqu'à saturation. Reste-t-il place à l'impur ? »
Gérard MAYEN, « Mouvement.net » - le 2 juillet 2007